Bonjour à tous,
Nous allons aborder aujourd’hui un sujet qui prête souvent à controverse : le bluff !!! Le bluff a souvent été associé dans le langage courant, et à tort, au mot « poker » : on parle souvent de untel qui a tenté un « coup de poker » sous-entendant un coup de bluff !!! Bien évidemment, notre noble sport ne se résume pas à des coups de bluff hasardeux, mais en l’acquisition d’une technique dont le bluff est une des composantes.
Certains joueurs prétendent que l’on peut gagner un tournoi sans bluffer. Personnellement, je n’y crois pas une seconde !!! Le bluff fait et doit faire partir de l’arsenal du joueur de poker confirmé. C’est une arme à utiliser avec beaucoup de clairvoyance : il faut savoir quand, dans quelle position, et surtout qui bluffer !!!
Au poker ce n'est pas seulement les cartes que vous avez en main qui comptent, mais également ce que pensent vos adversaires de la puissance de votre main. Tout est une affaire de « faire croire » et à un niveau encore plus subtil : « faire croire que… encore plus » à celui qui veut « faire croire » !!! lol (cela s’appelle le contre bluff, mais je vous l’avoue très difficile à pratiquer car demandant une haute lecture et connaissance de l’adversaire dont peu de joueurs ont la maîtrise).
Pour simplifier, le bluff est l'action de parier comme si vous aviez de meilleures cartes que celles que vous avez réellement. Pourtant, seul un joueur compétent sait quand bluffer. Un joueur qui ne bluffe jamais ne peut pas compter gagner autant d'argent que celui qui bluffe avec la fréquence appropriée. La plupart des joueurs moyens tendent à trop bluffer, en particulier dans le poker limit. En bluffant à la fréquence appropriée non seulement vous gagnez en forçant des adversaires à coucher les mains gagnantes, mais vous déguisez également vos mains légitimes.
David Sklansky, dont je vous ai précédemment parlé dans mon premier article, décrit la fréquence de bluff optimum : lorsqu’il est impossible que vos adversaires sachent s’ils doivent suivre ou se coucher.
Mathématiquement, la stratégie optimum du bluff est de bluffer de telle manière que les chances de réussir votre bluff soient identiques à la cote du pot que votre adversaire peut avoir. Ainsi, si votre adversaire obtient une cote de 6/1, les chances de réussir votre bluff devraient être de 6/1. Alors cet adversaire se casserait même sur le dernier pari en suivant à chaque fois, et également en se couchant chaque fois. La stratégie mathématique optimale de bluff n'est pas nécessairement la meilleure stratégie : il est bien plus profitable si vous pouvez juger quand tenter un bluff et quand ne pas le faire. Il y a des situations qui permettent de monter un bluff et d’autres non.
On distingue deux sortes de bluff :
Le bluff pur : c’est de loin le plus difficile à manier. On a rien en main, et surtout, rien au flop qui peut nous faire espérer une quelconque amélioration !!! Dans ce cas là, tout se joue sur la position, notre image, et sur la psychologie pure !!!
Le semi bluff est quand vous pensez ne pas avoir la meilleure main, mais que le jeu que vous détenez vous offre de fortes probabilités d'amélioration vers une main supérieure à celle que détient votre adversaire s'il vous paye. Exemple: vous êtes certains que votre adversaire a touché la paire max et vous avez un tirage couleur. Sachant que celui-ci rentrera à peu près une fois sur trois vous pouvez l'éjecter de coup par une forte relance. Vous ne devrez effectuer de semi bluff qu'avec des mains qui offrent de réelles possibilités d'amélioration et contre des adversaires qui jouent serré. Ne tentez pas cette technique contre des débutant qui ne comprennent pas le langage que véhiculent vos mises. Un joueur de poker d'expérience sera à même de comprendre et peut-être de déceler une manoeuvre de semi bluff. Il calculera vos probabilités et les siennes et si c'est une serrure, il n'hésitera pas à ce coucher.
Quelques règles simples pour vous aider dans votre "carrière" de joueur de poker:
A NE PAS FAIRE !!! :
Ne bluffez pas les joueurs débutants ou mauvais. Ils ne savent pas nécessairement quand ils sont battus. Ainsi quoique vous puissiez entreprendre pour leur faire croire que vous avez la main la plus forte, ils ne peuvent simplement pas comprendre votre manœuvre et s'en inquiéter.
Ne vous attendez pas à ce que les bluffs fonctionnent aux basses limites du Texas Hold’em. Si le coût pour voir vos cartes n'est pas significatif, pourquoi un joueur ne serait pas tenté de les voir pour un coût si faible à ses yeux ?
N'essayez pas de bluffer tous les joueurs. Vous pouvez duper certains d'entre eux, mais si vous ne les dupez pas tous vous aurez des ennuis. Il vous faut cibler votre bluff en fonction des adversaires
A FAIRE !!! :
Bluffez quand le board dit qu’un joueur pourrait avoir fait une bonne main. Exemple, quand il y a trois cartes de la même couleur au tableau. Un joueur pourrait avoir une flush. Si vous pariez comme si vous aviez la flush, les autres joueurs peuvent le croire.
Bluffez contre des joueurs bons ou serrés. Si vous êtes dans un pot avec un joueur qui cherche une raison de se coucher, donnez-en lui une. Essayez de parier gros en lui faisant penser que vous avez une main qu'il ne peut pas battre !!!
Bluffer est un acte psychologique qui est fait entre les joueurs. Ainsi, plus vous en savez sur les habitudes de vos adversaires meilleur c'est. Si un joueur est une « calling station » et que vous savez qu'il suivra toutes les relances jusqu’à l’abattage final, ne prenez pas la peine d'essayer de le bluffer.
Si les joueurs vous ont récemment pris en flagrant délit de bluff vous pouvez être sur qu'ils s'en rappelleront. Si vous essayez trop tôt de bluffer une nouvelle fois, ne soyez pas étonné si quelqu'un vous suive, juste parce qu'il ne vous croit pas. Naturellement ceci peut être employé à votre avantage. Si vous touchez de bonnes cartes juste après qu'un joueur ait démasqué votre bluff, vous êtes en bonne position pour faire suivre vos paris par plusieurs joueurs : vous serez récompensez en gagnant un plus grand pot.
Quelques circonstances permettent de créer des situations de bluff typiques. Elles peuvent être employées à votre avantage, mais les joueurs d'expérience peuvent les identifier dans le jeu et l'employer contre vous.
Exemples de bluffs typiques :
Vous êtes au bouton préflop. Tout le monde se couche avant vous. Vous faites alors un gros pari, sachant qu'il y a seulement deux joueurs en compétition contre vous et qu'ils n'ont pas pariés parce qu'ils ont aimé leur main mais parce que se sont les blindeurs! Ces joueurs peuvent interpréter votre gros pari comme un signe de force et simplement se coucher. C’est ce qu’on appelle communément le vol des blindes.
Miser quand vous êtes en dernière position et que les autres joueurs ont checké. Vous pouvez interpréter leurs check comme un manque de confiance dans leurs cartes. Ils peuvent interpréter votre pari comme représentatif d'une main forte et se coucher.
Le bluff est un art : il sublime le poker. Faites du bluff une stratégie de votre arsenal, mais pas votre seule arme à une table de poker.
N’hésitez pas comme à l’habitude, à réagir à cet article, en expliquant quand et pourquoi vous bluffez ou pas !!!
Je répondrais à vos réactions avec grand plaisir, et me ferais une joie d’approfondir avec vous cet art difficile qu’est le bluff.
Amitiés à tous.
rain