Bonjour à tous,
Je vais vous parler ici du « slow play ». Le slow play est une technique qui consiste à sous jouer les grosses mains de départ dans le but de tendre un piège à ses adversaires. Cette technique ne peut s’employer à mon avis uniquement avec deux mains : AA et KK.
Il existe deux sortes de slow play :
- le slow play classique : quand on est en début de parole, on fait juste un limp in de la grosse blinde avec ses As, dans le but de ne pas effrayer ses adversaires et pour qu’un maximum de joueurs entrent dans le coup.
- Le slow play de position : ici on ne fait que caller une relance ou une sur relance.
Si vous voulez mon avis, le slow play est une technique à bannir ABSOLUMENT, surtout chez les débutants !!! En effet, et même si cela peut parfois être payant, slow-player ses As entraîne généralement beaucoup de ce que certains appellent des bad beats. Pour moi, un joueur qui perd avec ses As contre par exemple des petits suited connectors n’a pas pris de bad beat : il a tout simplement mal joué !!!
Il faut savoir en effet que si on va à l’abattage, AA a 81 % de chance de gagner un coup contre 1 seul adversaire, mais que cette côte tombe à seulement 32 % face à une table pleine !!! Si vous touchez, cette main fantastique, ce qui ne vous arrivera qu’une fois toutes les 221 mains, ne la gâchez pas !!!
Je vais vous donner deux exemples récents de coups dans lesquels j’ai été impliqué, et où l’on a sous joué les As :
1er exemple :
Je suis de petite blinde à une table de cash game on line à 2/4 $ et je me vois desservir American Airlines !!! Quatre joueurs entrent dans le coup à 4 $, jusqu’au bouton qui relance à 16 $. Voyant là une bonne aubaine, je ne fais que rajouter les 12 $ de sa relance. La grosse blinde se couche, le premier limper colle la relance, et comme je pouvais m’y attendre, les trois autres limpers suivent aussi, car la côte du pot est devenue trop intéressante pour ne pas voir le flop… Je commence à regretter mon slow play…
Nous sommes donc 6 à voir le flop avec un pot de 100 $ !!! Malheureusement pour moi, le pire arrive quand je vois le flop 7 Q 4 monocolore à cœur, et je n’ai même pas l’As de cœur !!! C’est à moi de parler en premier étant de petite blinde. Que faire ??? Il est évident que sur mes 5 adversaires, au moins l’un d’entre eux a 1 cœur sinon 2, et attaquer le coup en posant une question par un bet classique me semble fort risqué. Donc je check. Le premier joueur envoie 40 $, le deuxième se couche, le troisième envoie tapis à un peu plus de 200 $, et les deux autres joueurs se couchent dont le bouton qui avait surrelancé. C’est à moi de parler. Que faire ? Evidemment, je jette mes as : et oui, il faut savoir les jeter, et non s’obstiner quand on sait que c’est perdu : je vois beaucoup trop de débutants se marier à leurs mains !!!
Si vous voulez savoir la suite du coup, le joueur qui avait investi 40 $ a suivi le tapis adverse. Il avait As coeur 10 trèfle pour un tirage à couleur max, et celui qui a fait tapis avait 9 8 à cœur pour une couleur servie. Aucun autre cœur ne viendra et les suited connectors remporteront un joli pot de plus de 500 $ !!!
Qu’aurais-je du faire avec mes as ? Evidemment, surrelancer le bouton pour l’isoler avec une mise d’au moins 32 $. Je pense que tous les autres joueurs se seraient coucher, et je me serais retrouver seul face au bouton, que j’aurais pu tester en misant sur le flop. Vu sa réaction, j’aurais gagné puisqu’il n’avait pas de cœurs non plus !!!
Moralité : ne jamais être trop gourmand avec les As !!!
2ème exemple : Nous sommes en finale du Master Classics Super Sat sur TITAN : tournoi que j’ai gagné (allez je me jette un peu de fleurs !!! lol).
Nous ne sommes plus que trois joueurs, et je suis légèrement chip leader avec 57.000 jetons, contre mes deux adversaires qui en ont 47.000 et 37.000. Niveau de blindes 600/1.200.
Je suis au bouton avec Q10 assorti à carreau, et je relance donc à 3.600. Le small blind qui a 47.000 (et AA en mains) me surrelance à 7.200 (là il joue très bien en ne faisant pas de smooth call, risquant de faire rentrer dans le coup la grosse blinde), et big blind se couche.
Estimant que ma main n’est pas si vilaine et que je suis en position, je rajoute les 3.600 supplémentaires. Le pot contient donc 15.600 jetons, et le flop s’ouvre sur 7 J 9 rainbow me donnant un tirage à quinte par les deux bouts.
Notre possesseur de AA est certainement un excellent joueur, puisqu’il en est arrivé à ce niveau du tournoi avec un investissement de tout de même 215 $ qui exclut tout débutant, et en plus il s’agit d’un satellite pour un tournoi live où il rencontrera beaucoup de pros !!!
Bien que le tirage à quinte ne soit pas évident ici vu qu’il y a un trou, il joue d’ailleurs bien sur le flop en l’attaquant, mais trop peu !!! Il mise en effet 7.500, soit la moitié du pot. Il aurait mis 15.000, il aurait brisé ma côte pour mon tirage, et je me serais couché. Là je paye, sachant très bien qu’il me bat au flop, mais le turn ne me coûte pas trop cher et j’ai beaucoup d’outs !!!
Le pot contient désormais 30.600, et le turn miracle pour moi arrive : le 8 de trèfle !!! Notre joueur à qui il reste 32.000 jetons mise 10.000, et là, le voyant sur un brelan, je ne prends pas le risque de le voir faire full et je le surrelance à 20.000. Là il commet l’erreur de me surrelancer à tapis. Evidemment, je paye, et je gagne un énorme pot qui me placera en très bonne position pour gagner mon heads up final.
A mon avis, mon adversaire a voulu me piéger et a été trop gourmand. Attention, il a très bien joué en me surrelancant préflop, mais ensuite quand j’ai suivi sa relance initiale, il aurait du se douter que j’avais une réelle main et ne pas prendre de risque de me laisser toucher une carte de tirage pas trop cher. Cela lui aura coûté son tournoi !!!
Moralité de ces deux petites histoires : ne jamais slow-player les As, et si vous êtes suivi, attaquez fortement le flop s’il n’est pas trop menaçant contre un seul adversaire. Ne laissez surtout pas de cartes gratuites à votre adversaire, en voulant ramasser le plus possible : c’est le meilleur moyen de prendre un bad beat !!!
Alors je sais déjà ce que vous allez me répondre : pourquoi écrire un article sur le slow play si on ne doit JAMAIS l’employer ? Parce que je le déconseille à tout débutant, mais non aux joueurs confirmés qui savent lire leur adversaire.
Exemple où je pratique fréquemment le slow play avec les as : je suis à une table où je constate que les joueurs sont agressifs et relancent avec des mains très moyennes. Ici, en position précoce, un limp in avec les As est judicieux, car vous sentez que vous allez être relancé par les joueurs agressifs de fin de parole, et là, quand la parole vous revient, surrelancez fortement !!!
Donc le slow play peut-être une arme redoutable, mais tout comme le bluff, il faut savoir quand et contre qui s’en servir !!!
Amitiés à tous.
rainmanp