Bonjour à tous,
Je reviens vers vous avec un nouvel article sur les styles de jeu. Au poker, on distingue quatre types de joueurs :
• le large passif
• le large agressif
• le serré passif
• le serré agressif
1) Le large passif :
Ce type de joueur est ce qu’on appelle un « fish » ou encore un pigeon dans notre langue de Molière. C’est évidemment le client idéal !!! C’est un joueur qui rentre dans pratiquement tous les coups même avec des mains marginales. Tout ce qu’il veut, c’est jouer et voir les flops, et lorsqu’il touche le moindre petit quelque chose, il suivra jusqu’au bout !!! L’avantage avec ce joueur, c’est qu’il est en plus timoré : il ne relance que très rarement, mais suit toutes les mises avec un hypothétique espoir d’amélioration. Les anglophones appellent ce type de joueurs des « calling stations » : ils suivent tout !!! Contre ce type de joueurs, n’hésitez pas à rentabiliser au maximum vos jeux max !!! En revanche, ces joueurs sont très difficiles à bluffer car ils vous suivront même avec une troisième paire !!! Donc abstenez-vous de vouloir essayer de bluffer ce genre de joueurs.
2) Le large agressif :
Ce joueur est beaucoup plus difficile à jouer. Il rentre avec n’importe quoi mais est très imprévisible !!! Il peut surrelancer une surrelance en position avec rien et ainsi faire coucher ses adversaires. Ce style de jeu fait beaucoup d’émules dans la nouvelle génération de joueurs, qui suivent avec succès l’exemple de joueurs plus « anciens » tels Gus Hansen. C’est évidemment contre ce type de joueur que le « serré » prendra ses plus gros bad beats et pestera contre lui en le traitant de « fish ». Pourtant ce n’en est pas un !!! Il sait très bien ce qu’il fait, et considère qu’il faut jouer beaucoup plus de mains de départ que le « serré » pour gagner un tournoi, ce qui constitue son unique objectif !!! Pour mieux illustrer ce type de joueurs, je vais vous donner deux exemples concrets contre lesquels j’en ai été la victime :
1er Septembre 2007 : Tournoi 1.000 Euros freezout de l’EPT de Barcelone. 323 joueurs au départ. 27 places payées. J’ai passé le premier jour avec succès, et me retrouve dans les 5 premiers du classement lorsque nous sommes encore 14 joueurs lorsque survient le coup suivant :
J’ai un stack de 130.000 jetons, blindes 500/1.000 avec ante de 100. Soren Koongsgard (3ème du main event de l’EPT de Monaco 2007), est en début de parole avec un stack d’environ 95.000, lorsqu’il pousse tous ces jetons au milieu !!! Tout le monde passe évidemment jusqu’à moi qui trouve cette relance « all-in » disproportionnée très très suspecte. Le connaissant pour l’avoir jouer auparavant, je sais que c’est un joueur très loose qui prend beaucoup de risques. Je regarde ma main et découvre une paire de 10. Je le regarde dans les yeux espérant glaner quelques informations, et je le vois se liquéfier lorsque j’annonce « i call ». Il découvre J 4 dépareillé !!! Je ne m’étais pas trompé !!! Malheureusement, un J apparaît au flop, et malgré ses « sorry » « sorry », c’est lui qui remporte le coup devenant énorme cheap leader. Je finirais 14ème de ce tournoi remporté par…Soren Kongsgaard !!!
10 Novembre 2007 : Main Event des Master Classics of Poker à Amsterdam. Après avoir subi un mauvais coup, j’ai un stack de 7.200 au niveau 50/100. Au dernier coup de ce niveau, un joueur UTG lambda limpe à 100. Je découvre à nouveau une paire de 10, et relance à 400. Lambda suit. Flop Qtrefle 2coeur 5trefle. Lambda attaque à 1.000, et je décide de coller. Turn : 10 de pique !!! J’ai mon brelan servi, et je le vois bien maintenant sur une main comme QJ (je pense qu’il aurait relancé préflop avec AQ). Il m’attaque à nouveau à 1.000, évidemment suivi. Rivière : 3 de trèfle. Il m’envoie à nouveau 1.000, et je relance à 2.000. Il me surrelance alors à tapis, suivi !!! Il découvre un magnifique 9 7 de trèfle pour une couleur !!! J’ai déjà du mal à croire que l’on suive une relance de 4 BB avec une telle main, et encore plus que l’on attaque gros au flop, puis à la turn, sur un hypothétique tirage. C’est pour cela que je ne l’ai pas du tout vu sur une couleur. Son style hyper agressif m’a trompé et cela m’aura coûté mon tournoi. Autant vous dire que ce joueur n’est pas allé bien loin, puisque je j’ai retrouvé 2 heures après autour d’une table de cash.
3) Le serré passif :
C’est un joueur qui sélectionne rigoureusement ses mains de départ, mais qui manque d’initiative : il ne relance jamais suffisamment, et n’attaque les flops que s’il a trouvé son jeu. Ce joueur craint tout le temps le pire !!! Pour caricaturer, s’il a full, il craint toujours le carré et ne fera que caller votre relance !!! Son extrême prudence fait que c’est en général, un joueur facile à bluffer. En revanche, sil suit un pot, c’est qu’il a touché quelque chose mais il évite toujours de relancer de peur de se retrouver contre meilleur jeu que lui. Eviter de bluffer ce type de joueur lorsque vous sentez une résistance de sa part. Par contre, s’il checke et que vous êtes en position, attaquez en pur bluff, il se couchera à tous les coups !!!
4) Le serré agressif :
A mon avis, c’est LE style de jeu vers lequel tout joueur de poker qui n’a pas atteint le stade de « l’eagle » (le champion) doit tendre. Cela veut dire évidemment bien sélectionner ses mains de départ (voir l’article fait à ce sujet), mais une fois qu’on est entré dans le coup se montrer agressif. Exemple : si l’on a relancé préflop et que notre relance est simplement suivie, attaquer le flop quelque soit notre jeu. Nous sommes le relanceur non relancé donc l’agresseur !!! Les autres joueurs nous placent donc sur un très gros jeu, et même si l’on n’a pas touché notre flop, il faut faire un « continuation bet » pour poser une question !!! Parfois, cela suffira à remporter le coup arrêté, parfois on sera suivi ou même relancé, auquel cas il faudra savoir coucher un très bon jeu. Au poker comme dans la vie, la meilleure défense est l’attaque !!! Donc soyez celui qui prend l’initiative. Imposez vous à la table !!! Et quand vous remportez un pot sans bluff, montrez vos cartes !!! Cette façon de faire montrera que vous êtes un joueur « serré » et vos relances seront respectées. Votre image vous permettra alors de bluffer le coup même quand vous n’avez pas touché votre flop.
Ces quatre styles de jeu élémentaires sont évidemment une base avec laquelle vous devrez composer pour noter et évaluer vos adversaires : n’hésiter pas d’ailleurs à utiliser la possibilité qui vous est offerte par les sites de faire des annotations sur ses adversaires, mais l’essentiel au poker est d’être imprévisible et de varier son jeu !!! Donc selon les situations, et tout en bénéficiant de l’image que vous avez donné à la table, n’hésitez pas de temps en temps à « voler » des pots avec pas grand-chose en se servant des autres paramètres que sont la position et la taille de votre tapis.
Je me tiens à votre disposition si vous souhaitez approfondir cet article.
Amitiés.
rain